ARRIVER
Quand tu manges une glace sur la rambla de Barcelone et que tu vois un graffiti « Tourists go home ».
Quand, évangélisateur en herbe à peine débarqué sur une île, tu te fais cribler de flèches.
On met pied à terre et le voyage prend fin. Le contact avec ce territoire, à découvrir ou à spolier, signe le début d’autre chose : une conquête, une prise de repères, un nouveau départ ou un massacre. Jamais tout à fait immobile, ni parvenu·e, on est toujours, et pour longtemps encore, en train d’arriver. Avec une question en tête : dans quoi ai-je mis les pieds ?
SE POSER
Quand tu déclares la grève illimitée de la popote au beau milieu d’une autre lutte vitale.
Quand ton collectif envisage, pour le prochain numéro de sa revue, de ne pas faire de numéro du tout.
On arrête tout et on réfléchit. Parce qu’on ne sait plus vraiment ce qu’on fait, qu’on aimerait pouvoir s’extraire un temps, se retourner et observer. Mais c’est un leurre, rien ne s’arrête jamais. On fait pause, et c’est déjà la suite qui se prépare. Alors, si ce répit n’en est pas un, comment connaître, transmettre et transformer un fonctionnement collectif ?
REVENIR
Quand tu trouves refuge, chez un⋅e ami⋅e ou un⋅e inconnu⋅e.
Quand tu as le sentiment de renaître chaque fois que tu reviens dans les Cévennes.
Le pied-à-terre, c’est le chez-soi qui peut être précaire, le quotidien sous le régime de l’intermittence. Un point fixe dans la tourmente, un repaire pour reprendre des forces, une retraite pour mieux repartir, un lieu où l’on sait que l’on pourrait revenir. Comment se l’approprier, quand on ne peut que périodiquement l’habiter ?